Published 10 months ago in Alternative, in album: Mehari

Malgré tout

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Mohamed Lamouri chante le raï sentimental. Parisien d'Algérie, il se produit dans les wagons de la ligne 2 du métro depuis le début des années 2000. - - Connu pour ses inénarrables adaptations de tubes planétaires en arabe (Billie Jean, Hotel California, Master Blaster...) et comme l'interprète numéro 1 du repertoire de Cheb Hasni, Mohamed Lamouri a une voix rauque, tendue, patinée à l'excès, graissée à l'underground algérien des années 80's. - - Ça n'est pas dans les codes du chanteur oriental une voix si rocailleuse: Lamouri c'est plutôt piment que miel, rapporté à la variété internationale on pense à Paolo Conté, Tom Waits, Arno. - - Mohamed Lamouri chante beaucoup plus qu'il ne parle. Dans son quotidien de rame on passe et on l'écoute, et lorsqu'enfin on l'enregistre, on est époustouflé par la justesse de ses prises, les émotions qu'il procure aux mélodies, et même son groove aux percussions: le flux de musique qui s'échappe de cette personne est tout simplement extra-ordinaire: un être à part haut perché sur son paradigme raï franco-algérien. - - Dans la rue à Paris comme à Marseille on le helle 'oh Hasni ! viens boire le thé !', et on se remémore le dernier concert de la légende au stade d'Alger en 1993: Mohamed Lamouri, en tant que juke-box vivant de Cheb Hasni, est comme un marqueur culturel à lui tout seul, gardien du son d'une génération. - - Son histoire est longue: 'sans papiers', mal voyant autonome, la vie dure et l'optimisme sans faille, les chansons composées et sans cesse affinées à l'épreuve d'un public urbain sans cesse renouvellé. Son premier album ‘Underground Raï Love’ sort au printemps 2019 et certains de ses titres se jouent en boucle à la radio (Nova en tête), ses reprises de Cheb Hasni et ses propres compositions aux confluents du raï des 80's et de la pop occidentale font mouche. Il enchaîne les concerts désormais également sur scène avec ses musiciens. - - Nous voici en 2022, le cheb du métro se retrouve à préparer un nouvel enregistrement avec Charlie O. (orgue Hammond, Fender rhodes), Mocke (saz, guitare) et Baron Rétif qui réalise ses album en approchant ce raï par le funk, la synth-wave, le reggae, musiques dont Lamouri s'est longuement imprégné via les ondes fm pour nous conconcter son blues, clavier à l'épaule dans le tunnel, jamais bien loin des influences occidentales que l'on retrouve souvent sur les multiples K7 de Cheb Hasni, Cheb Nasro... - - Les répétitions ont lieu dans le sud, à la campagne, au début de l'été, on mange du fromage de chèvre avec de l'huile d'olive, il y a des pins d'Alep et des chênes lièges, c'est le Midi ça sent le maquis - quelque part ça ressemble à l'Algérie de l'autre côté de la mer - et on se déplace en Méhari. - - Mohamed adore ça, 'c'est la liberté', dit-il, parce qu'il n'y a pas mieux que la liberté. On commence à lui apprendre à conduire dans les collines et il y arrive plutôt bien même si il faut faire attention. - - Les chansons de 'la session Méhari' seront enregistrés à Marseille un peu plus tard, Mohamed garde le nom pour son album, pour le souvenir et parce que c'est cool. Méhari c'est une sorte de chameau de course, prince du désert, avant d'être une 2cv de plage en plastique, tout ça sonne finalement assez bien avec son raï made in France. - - ‘Méhari’ se présente comme un road-trip à demi rêvé de onze titres dont six originaux de Mohamed Lamouri.

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